Cher JFB,
Le travail m'a longtemps retenu et je n'ai pu répondre car je savais que cela allait me prendre du temps.
Je commence par te témoigner tout mon respect et toute mon humilité. Tes post sont toujours d'une grande pertinence, on constate que tu connais les sujets dont tu parles et on sent que ces sujets te passionnent. Je pense souvent en te lisant que j'aimerais bien un jour te croiser au détour d'un ruisseau, m'asseoir sur une pierre et discuter avec toi (les membres les plus assidus du forum me donnent aussi la même envie).
Je suis régulièrement d'accord avec toi, pour ne pas dire tout le temps... mais à 97% : 1% de ci, 1% de ça et 1% du sujet du jour.
Je ne peux te rejoindre sur les arguments et les conclusions tirées. Mais c'est le sel de la vie et c'est tant mieux.
Je pense que l'étude, ou tout du moins les données proposées, n'est pas assez détaillée. Le principe d'une étude scientifique est justement la publication de tous les résultats, cette publication comprend aussi une étude du contexte.
Sans ces éléments, le doute ne peut que s'installer, on pourrait même penser que "l'étude" a consisté en une simple pêche électrique et comptage reproduite cinq fois sur un secteur dont ne connait pas contexte (et ce serait totalement insuffisant).
Je pense que nos divergence viennent aussi en partie du fait que nous ne sommes pas du même avis sur la pertinence de données publiées.
Je reprends tes arguments car pour le coup aucuns ne me convainquent. J'essaie de préciser les miens (non pas pour jouer un pingpong verbal et surtout pas pour avoir raison) pour pouvoir échanger. Et à côté d'un ruisseau se serait plus simple.
et beaucoup plus sympathique.
1- Je redis la brièveté d'une étude de 5 ans à l'échelle d'une population de truite qui se reproduit qu'une fois par an au bout de 2 à 3 ans. Il aurait fallu qu'elle commence plusieurs années avant la mise en réserve pour lisser les données "avant réserve". Elle s'arrête sans que l'on sache si l'état transitoire est dépassé. Elle aurait dû s'arrêter après plusieurs années montrant un même équilibre (quel qu'il soit).
Par exemple, si une étude menée avec les modalités de 1993 avait débuté cette année sur certains tronçons de certains ruisseaux de l'Ariège, les données recueillies, pour l'année de référence, auraient été ... particulières tant les crues ont donné un coup de balai.
L'étude aurait pris pour référence une année non-représentative et les données des années suivantes ne caractériseraient pas un arrêt de pression de pêche mais un arrêt de pression de pêche combiné à une reconquête du milieu (par les truites et les autres espèces, une troisième variable pour le coup); reconquête parfois synonyme d'explosion démographie. L'étude serait biaisée sans prise en compte du contexte.
2-
Citation :
A ce jour, aucune étude n'a pu démontrer que la pression de pêche (à la ligne, bien sûr) est un facteur limitant de la population de truites, y compris en petit ruisseau. Et des études, j'en ai un wagon, tu peux me faire confiance.
Je te crois sur parole mais si tu pouvais m'en passer une par courrier ou mél, je suis preneur car je suis circonspect. Ces études sont-elles transposables à tous les cours d'eau de 1ère comme certains ruisseaux pyrénéens ? La qualité des études m'interroge même si je te renouvelle, sincèrement, ma confiance.
3-
Citation :
Toutes les pêches électriques ont démontré que cette pression ne joue en rien sur la population de truites.
Mais que montrent ces pêches électriques ? Pour moi, que, sous la pression de pêche, la population de truites trouve un équilibre stable (heureusement sinon je ne pourrais pas pêcher).
Mais elles ne disent pas ce que serait la population sans pression puisque ces pêches électriques se font sous pression de pêche (si tu as de vrais études sur l'évolution des populations après arrêt de pression de pêche car je n'ai rien trouvé la-dessus depuis que je m'intéresse au sujet, 25 ans et j'entends toujours la même ritournelle sans que l'on puisse me montrer quoi que soit de concret).
4-
Citation :
On voit bien qu'après 5 années de non pêche, la population revient à l'équilibre initial, c'est à dire celui avec pression de pêche... donc, à quoi a servi la réserve, sinon à que dalle ?
Là, je ne comprends pas, je n'ai pas d'arguments. Les graphiques de 1992 et de 1996 sont différents.
Je ne vois pas le "retour à la normale" et l'effet "que dalle". Il me semble qu'en 1996 la population est dans un état (dont on ne sait d'ailleurs pas s'il est transitoire ou d'équilibre) différent de celui de 1992.
5- Je persiste à dire que la rivière est dégradée (bien que le contexte me manque pour l'affirmer : "petite rivière" à 1500m ou "petite rivière" à 700m, déclivité, exposition, débit, contexte anthropique, etc..., j'y reviens à la fin de ce point).
Prenons l'exemple de la
Neste d'Oueil. A sa confluence avec la
Neste d'Oo, le lit peut paraître grand en raison des affluents (bassin versant) mais la rivière (hors fonte) n'occupe qu'une partie de ce lit. Dans tous les cas, on est sur une rivière/ruisseau comme je les aime, pas très large.
Prenons maintenant les données de 2 truites pour 100m² et la longueur de 12km. Imaginons que la
Neste d'Oueil soit un canal uniforme de 3 mètres de large de sa source à la confluence avec le N. d'Oo (c'est énorme mais permet de calculer facilement). 12 km = 12 000 m. 12 000 x 3 mètres = 36 000 m². A raison de 2 truites pour 100m², on obtient pour ce canal de 3m x 12 km, une quantité de 720 truites maillées. Prenons 10 pêcheurs peu habiles qui ne pêchent que tous les 15 jours (ce n'est pas beaucoup). Ils ne feront que 13 sorties par an. Peu habiles, ils ne sortent que 2-3 poissons par sortie (certains diront, c'est déjà bien... moi aussi). Ces "bras-cassés" peu assidus ont tout de même sortis entre 260-390 poissons (entre le tiers et la moitié). Alors imaginons ce que cela donnerait avec des bons pêcheurs qui sortent un peu plus qu'un we sur deux, dans une rivière/ruisseau qui n'est pas un canal de 3 m du début à la fin. On arrive à ... faire dire n'importe quoi aux chiffres mais ils montrent que ce n'est pas le coin le plus poissonneux.
Alors certes, et je te rejoins sans retenu, ce qui compte c'est la répartition par taille/âge de la population. Et là aussi les données manquent. Un juvenile, ok c'est l'année t0 (truite année 0) et il y en a. Ensuite, impossible de voir comment ça évolue (une truite peut arriver à la maille après 2, 3 ou 4 années) on ne sait pas comment se comporte la population. Comment se répartissent les T1, T2, T3 ? Si on était sur un ruisseau vers 2000m, , alors le profil de la pyramide (même non détaillé) me paraitrait bien.
La pyramide des âges telle que je la constate dans les ruisseaux (non alevinés) que je pêche ressemble à celle de l'étude que j'ai trouvé ici (page6)
http://www.pechehautesavoie.com/wp-content/uploads/2012/01/Note_technique_structure_taille_truites.pdf. (Vous comprendrez pourquoi je parle de t0, t1, ... c'est bien pratique).
Pour les juvéniles, je ne les vois pas beaucoup dans le ruisseau mais je sais qu'ils y sont. Pour les autres tailles, c'est très proche de ce qui est montré sur le lien. Au toc, sur 10 truites (non juvéniles!), environ 6ou7 sous la maille, 2 vers 22 cm et une au-delà de 23 (et plus,
). En gros, sur les ruisseaux (pas rivières) que je pêche, 2 truitelles pour une maillée (et pas sur 100m). Le graphique montre, en 1992, effectivement 90 truites dont 60 juvéniles, cela fait donc 30 truitelles (non-juvéniles) pour deux maillées...
6-
Citation :
Mais la nature, ce n'est pas ça
Je suis d'accord et surtout pas un milieu anthropisé par la pression de pêche.
Pour finir et nous sommes bien d'accord tous les deux là-dessus :
Citation :
la mise en réserve modifie cette pyramide des âges, c'est ça qu'il faut comprendre
et donc inversement la pression de pêche modifie la pyramide, donc la population.
Dire que la pression de pêche (raisonnable pas celle exercée par les congélationnistes qui se vantent et distribuent des truites congelées à toute la vallée. J'assume mes propos). Donc dire que la pression de pêche (raisonnable donc) est supportable par les populations de truites, j'adhère à 100%. Dire que les mises en réserve pour réouverture ultérieure ne servent à rien, j'adhère à fond (excepté protection suite à catastrophes). Dire que les réserves permanentes ne servent à rien, j'adhère à moitié car au moins certains ne piétinent pas les frayères à l'ouverture. Dire que la pression de pêche n'a pas d'impact sur les populations est, pour moi, un dogme qui relève de l'acte de foi. Là, je ne suis plus. Car je suis pragmatique et toutes truites à qui je tords le coup sont autant de truites qui n'y sont plus.
Très cher JFB, je sais que tu trouveras les mots pour me montrer le droit chemin (sur certains points, j'en suis sûr) et comme très souvent ma compagne me verra hocher la tête comme à chaque fois que je lis l'un de tes posts (enfin à 97%
). Je te renouvelle encore, et très sincèrement, tout mon respect et je continue d'espérer te croiser un jour.
Fin du roman...
Dernière modification par Chorizette: 11 déc 2020 - 22:46